La mission a duré un mois et demi sur le terrain, de mi-octobre à début décembre (ce qui est tard dans la saison). La température extérieure était en moyenne de -20 degrés Celcius avec un minimum de -35 degrés ce qui est relativement doux pour la région en cette periode de l'année. C'est à partir d'un "hôtel" en construction situé dans un village de 200 habitants, que le camp s'organisait. Environ 30-35 personnes travaillaient pour ce projet. Le village le plus proche du notre était à environ 500 kilomètres et le site de forage se situait à environ 10 km du camp. La relation entre notre camp et le site se faisait par hélicoptère uniquement. Précision : le camp est l'endroit où l'on dort, mange, travaille et là où se déroule la vie du camp, le site est le terrain où se trouve le minerai et où se font les forages.

Je n'ai pas travaillé longtemps comme géophysicien mais les photos donnent un exemple de ce à quoi on peut s'attendre. Trois sites sont présentés sur les photos. Le Canada est à la pointe de la technologie dans le domaine de la géophysique. C'est pourquoi les géophysiciens canadiens se déplacent régulièrement partout dans le monde. Le travail au bas de l'échelon s'apparente à un travail de manoeuvre : simple mais physique. On peut se retrouver à transporter 30 kilos de matériel sur le dos sur des kilomètres, dans 2 mètres de poudreuse très tendre, en raquette de neige, et dans une forêt parfois dense.

Quand on travaille en forêt, les chutes sont nombreuses à cause des branches qui se prennent dans les vêtements, les sacs ou le matériel, ou qui sont cachées par la neige et qui se prennent dans les raquettes. En cas de chute sur le dos, on se retrouve "planté" façon tortue, au fond d'un trou d'un mètre dans la neige, le sac à dos faisant office d'ancre et les raquettes au-dessus de la tête. Il est difficile en fin de journée de contenir son exaspération... Il est conseillé pour ce genre de travaux de s'habiller en couches successives de manière à pouvoir s'habiller et se déshabiller rapidement : dès qu'on bouge on a tout de suite trop chaud mais dès qu'on s'arrête il ne fait pas bon être trempé de transpiration avec une température de - 20 degrés Celsius. Mais seul le débutant souffre : les organismes s'habituent très vite et les plus expérimentés sont étonnant d'endurance et d'habileté.

J'ai travaillé deux fois trois semaines sur ce camp. C'est le potentiel le plus important du pays pour le cuivre. Le site se situe proche des frontières entre la Colombie Britanique, l'Alaska et le Yukon. Le camp est entouré de glaciers de toutes tailles, certains d'une longueur et largeur très respectables. On est au milieu de la vie sauvage et il n'est pas rare d'apercevoir ours, orignal, grizzly... Il n'y a pas de route dans les environs, pour accéder au site il faut compter 25 minutes de vol par avion, 45 par hélicoptère. Des quads, mini 4*4 et hélicoptères assurent les déplacements entre le camp (base de vie) et le site (terrain riche en minerai où sont réalisés les forages). Les camps les plus développés (dont Schaft Creek fait parti) possèdent leur piste en terre battue pour la circulation des avions. Au plus fort du traffic aérien, 2 avions et 4 hélicoptères opéraient pour un camp qui comptait en moyenne 65 personnes.

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